lundi 24 novembre 2008

Accouchement volé

demande de diffusion de ce courrier:


Objet : Mon accouchement

Lettre recommandée avec accusé de réception


Madame H------------,

J’ai effectué entre juillet et septembre 2008 ma préparation à l’accouchement à la clinique ---------. Au cours de ces séances de préparation, il avait été expliqué qu’un certain nombre de manipulations : rupture artificielle de la poche des eaux, accélération du travail par utilisation d’ocytocine, étaient épargnées aux mamans qui faisaient le choix d’accoucher sans péridurale, car elles étaient douloureuses. Concernant l’épisiotomie, il a été mentionné que son recours était limité à des cas très précis.

Souhaitant un accouchement le plus naturel possible, j’avais fait le choix d’accoucher sans péridurale et donc sans ces manipulations que je considère non nécessaires, voire préjudiciables.

Le 11 septembre dernier, j’ai accouché dans cette même clinique et c’est vous qui vous êtes « occupé» de mon accouchement.

Dés que vous m’avez prise en charge, vers 8h30, je vous ai fait savoir que je souhaitais un accouchement naturel à savoir, sans intervention médicale non nécessaire, soit : pas de péridurale, pas d’accélération artificielle du travail, pas d’épisiotomie, si cela ne s’avérait pas objectivement et impérativement nécessaire pour la santé de mon enfant.
Vers 9h00 mon époux et moi-même vous avons clairement reprécisé que nous souhaitions un accouchement non médicalisé après avoir signé le document qui désigne la personne de confiance et la personne à prévenir. Vous n’avez fait aucune opposition à cela.

Vous avez semblé respecter ma volonté et m’avez laissé me déplacer à ma guise dans la salle de naissance jusqu’à environ 10H30, heure à laquelle vous m’avez demandé de m’allonger pour un contrôle. Ce touché a été très douloureux et à son issue vous avez indiqué que la poche des eaux était fissurée et que le liquide était légèrement teinté ce qui n’était pas grave.
J’ai appris plus tard, à la lecture de mon dossier médical, qu’en réalité vous aviez pratiqué une Rupture Artificielle de la poche des eaux et non un simple touché de contrôle.




Un peu plus tard, vous avez insisté pour me poser une perfusion alors que je n’y tenais pas.
Vous avez mentionné qu’il s’agissait d’une simple mesure de précaution et que vous ne mettriez rien dans celle-ci sans m’en avertir.
Un peu plus tard, alors que la douleur s’accentuait, vous m’avez proposé, comme la perfusion était installée, d’y adjoindre un peu de Spasfon, ce que j’ai accepté.

En revanche, c’est mon dossier médical qui m’a appris que vous aviez introduit dans la perfusion vers 12H30 du syntocinon, contre ma volonté et sans m’en informer.

Peu après, vous m’avez fait allonger. Vous souhaitiez à nouveau « vérifier quelque chose ». Dans la mesure où, peu avant, vous m’aviez manipulée pour essayer de faire bouger le bébé qui n’était, d’après vos dires, pas positionné de façon optimale, je ne me suis pas méfiée.
Vous m’avez demandé de pousser « un peu pour voir », puis tout s’est brusquement accéléré (certainement à cause de l’ocytocine), à commencer par les contractions qui me laissaient à peine le temps de reprendre mon souffle et certainement pas mes esprits entre les poussées que vous avez encouragées à vive voix, jusqu'à la fin de l’expulsion.
J’avais perdu tout contrôle sur MON accouchement.

Peu après, est arrivé le Docteur K------------, qui une fois disposé à s’occuper de moi, après plus de 5 min d’installation, m’a déclaré « si j’avais coupé il serait déjà là ». Choquée par cette phrase surprenante je me suis tendue, j’ai répondu « Non on ne coupe pas » et j’ai essayé de changer de position, pour me mettre sur le coté. Mais on m’a retenue et le Docteur a demandé que l’on me mette l’oxygène … ce que vous avez fait.

A partir de cet instant là je ne contrôlais plus rien du tout, ne voyant plus trop ce qui se passait entre mes jambes et ne pouvant plus m’exprimer à cause de ce masque que j’ai tenté de repousser plusieurs fois mais qui chaque fois me revenait sur le visage, sitôt que, la contraction passée, je cessais de pousser.

C’est dans ces conditions, muselée et impuissante, que j’ai entendu mon mari crier « non ne la coupez pas !! » alors que je me concentrais sur ma respiration pour reprendre le dessus.
J’ai ouvert le yeux, tétanisée de peur, et j’ai senti entre mes jambes une forte et soudaine douleur puis plus rien, avant même d’avoir eu le temps de me dégager pour me protéger.
Hébétée, j’ai compris que le docteur avait pratiqué une épisiotomie. Les larmes au bord des yeux, la gorge nouée, j’ai poussé, pour faire passer les épaules lorsque l’on m’a dit de le faire mais n’ai pas pu répondre lorsque l’on m’a demandé si je voulais attraper mon bébé.

L’arrivée d’un enfant est un moment unique, un moment extrêmement important dans la vie d’un couple. Ce moment nous aurions aimé en profiter, et nous aurions souhaité le vivre comme nous l’avions décidé, sereinement et naturellement. Mais vous nous l’avez volé.

En outre, dans les jours qui ont suivi, le plaisir des moments partagés avec mon enfant a été terriblement entaché par l’atroce douleur qui me tiraillait chaque fois que je voulais m’asseoir pour l’allaiter ou le bercer.

L’importante cicatrice laissée par l’épisiotomie mal suturée me rappellera jusqu’à la fin de mes jours le plaisir gâché de ce 11 septembre 2008 et les souffrances physiques et morales endurées par la suite. Souffrance qui perdurent aujourd’hui, tant pour moi que pour mon époux, qui culpabilise encore ne pas avoir compris plus tôt que personne n’avait l’intention de respecter notre volonté et que le médecin inciserait mon périnée sur près de 5cm sans même m’en informer au préalable.








Aussi vous comprendrez que je trouve le déroulement des évènements du 11 septembre terriblement injuste et que je cherche à comprendre pourquoi je n’ai pas pu vivre MON accouchement comme JE le souhaitais. Pourquoi, ce jour là, tout s’est finalement déroulé comme si je n’existais pas, comme si je ne comptais pas, alors que j’étais, au final, la première concernée.

C’est dans ce but que je vous écris aujourd’hui, afin de vous demander pourquoi vous avez rompu artificiellement la poche des eaux, pourquoi vous avez introduit du syntocinon dans la perfusion, pourquoi vous n’avez pas laissé faire la nature comme je vous l’avais demandé ? Et surtout pourquoi avoir fait tout cela à mon insu et sans me laisser aucun choix alors que je vous faisais confiance ?
Enfin, je ne peux pas non plus comprendre comment, en tant que femme, vous n’avez pas empêché le docteur K------- de me mutiler alors que j’avais réitéré devant lui mon refus catégorique concernant l’épisiotomie et qu’aucun élément connu de vous, de lui et de nous ne justifiait cela ?

Espérant recevoir des réponses à mes questions, je vous prie d’agréer, Madame, mes salutations.




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